- Qu'est ce que l'exploration urbaine ?
- La photographie comme fil rouge de l'Urbex
- Toits, sous-sols, friches industrielles et lieux abandonnés
- L'Urbex victime de son succès ?
- Urbex: est-ce sans danger et est-ce légal ?
L’exploration urbaine prend depuis quelques années une ampleur qu’on ne lui prédisait pas, et ce malgré son caractère interdit. Plongée dans le monde clandestin de l’Urbex !
Une usine désaffectée, un hôpital abandonné, des souterrains ou des lignes de métro oubliés, les lieux propices à l’exploration urbaine sont multiples tant qu’un accès, bien qu’interdit, est possible. L’engouement pour cette activité est grandissant, mais pourquoi donc ? Si certains explorateurs sont portés sur l’aspect historique, ancien et abandonné d’un lieu, pour d’autres, c’est la connaissance de la ville moderne et de ses coulisses qui les motivent. La photographie est aussi souvent une motivation importante de passer « la ligne » à franchir pour accéder à ces lieux hors du temps. On vous explique ce qu’on trouve de l’autre côté.
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Qu’est ce que l’exploration urbaine ?
L’exploration urbaine ou Urbex (contraction du terme anglais Urban Exploration), est une activité consistant à visiter des lieux abandonnés, construits ou modifiés par l’Homme, et généralement interdits d’accès ou bien cachés ou difficiles d’accès. Comme on l’a dit, la photographie joue un grand rôle dans la popularité de ce passe-temps « nouveau », mais la documentation de ces lieux historiques est également devenue un facteur du succès de l’Urbex, compte tenu du fait que les paysages urbains changent encore plus rapidement au fil du temps.
L’exploration urbaine remonterait à 1793, lorsque Philibert Aspairt, un vieux carrier parisien, s’est supposément perdu en s’aventurant dans les carrières sous Paris, peut-être dans le but de faucher quelques bouteilles de Chartreuse. Son squelette a été découvert 11 ans plus tard.
Une salle de gym désaffectée –
Mais c’est dans les années 1980-1990 que ce mouvement va émerger. C’est l’explorateur Jeff Chapman, alias « Ninjalicious », qui a popularisé l’expression « exploration urbaine ». En 1996, il crée le magazine Infiltration, « The zine about places you’re not supposed to go ». Avant sa mort en 2005 à l’âge de 32 ans, il publie un livre où il édicte notamment les règles de bases de l’Urbex:
- Ne jamais dégrader, forcer l’entrée d’un lieu, celle-ci doit toujours se faire dans le respect du lieu,
- Rester discret lors de l’exploration afin de ne pas déranger le lieu,
- En partant, laisser le lieu tel qu’il a été trouvé.
Le vieil adage « ne rien laisser sauf ses empreintes, ne rien prendre sauf des photos » est donc souvent appliqué à l’Urbex.
La photographie comme fil rouge de l’Urbex
Explorer un lieu abandonné ou un site interdit d’accès dans une ville peut être excitant, et fascinant. Mais souvent, les explorateurs urbains ont comme unique motivation le souhait de documenter par la photographie l’endroit exploré. Capturer l’instant présent avant qu’il ne soit trop tard. Les lieux propices à l’Urbex sont en effet pour la plupart éphémères, soit parce qu’il vont être réhabilités ou détruits, soit parce qu’il sera dangereux de s’y aventurer dans 1 mois, 1 an ou 5 ans…
Des fioles dans un ancien moulin à farine –
En 2014, l’explorateur et photographe Mister J affirmait que « quand on fait plusieurs fois les même lieux, on s’aperçoit qu’ils s’abîment très vite. » Comme beaucoup d’autres photographes du « milieu », il s’interroge sur l’avenir de ces lieux qui, devenus inutiles, se délabrent, tombent dans l’oubli et finissent par disparaître, au détriment de leur mémoire et de la conservation du patrimoine.
La photographie de ces lieux prend alors une importance, car elle documente ces endroits et laisse une preuve de leur passé.
Toits, sous-sols, friches industrielles et lieux abandonnés
Parmi les sites recherchés par les « Urbexeurs », l’on trouve des usines et des hôpitaux désaffectés, d’anciennes installations militaires, des bunkers, des ponts et des réseaux souterrains (égouts, carrières, catacombes…). Souvent, il s’agit de lieux laissés à l’abandon mais certains aiment aussi pratiquer la toiturophilie, c’est à dire la passion de l’escalade des toits et l’activité qui consiste à s’y promener. Ainsi, en pratiquant l’Urbex, vous pouvez aisément vous retrouver sur un toit à 100 mètres de hauteur, comme à 10 mètres sous l’asphalte.
Certains lieux sont devenus des incontournables des explorateurs urbains. On pense notamment à la ville de Pripyat, située à 3 km de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Celle-ci est prise d’assaut par les amateurs d’Urbex et son caractère historique et dangereux ne fait qu’accentuer le mythe.
Café Pripyat –
Autre « mythe » de l’Urbex, on peut également citer le Monument Buzludzha en Bulgarie, qui est l’ancienne salle de congrès soviétique aujourd’hui abandonnée, et un symbole typique de la démesure architecturale soviétique.
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Paris (très prisée des cataphiles), Lyon ou encore le nord de la France sont le terrain de jeu favoris de nombreux explorateurs en France.
L’ancienne prison de Loos, située dans le nord de la France, est particulièrement appréciée par les explorateurs urbains, dont voici la vidéo d’un groupe d’Urbexeurs:
L’Urbex victime de son succès ?
Si l’Urbex est une activité marginale et clandestine, on estime à un peu plus de 10.000 le nombre d’urbexeurs en France. Mais l’exploration urbaine est de plus en plus connue et pratiquée, notamment par les jeunes. Ces derniers ne sont pas forcément aux faits des dangers et des règles de l’Urbex, ce qui pourrait attirer les regards de la police et de la loi.
La médiatisation de l’Urbex pose une ambiguïté au sein de cette « communauté ». Si elle popularise la pratique et attire de nouveaux explorateurs, elle engendre de ce fait des comportements dangereux.
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