Sommaire
- La légende de Lalibela : Le Monde d’hier
- Parc national de Simien : Le Monde préservé
- Vallée de l’Omo : l’origine du Monde
- Awra Amba : Le monde magique
- Addis-Abeba : Le Monde occidentalisé
«Je vivais entouré de personnes, mais je ne voyais pas d’humains. On m’a traité de fou, mais on ne m’a pas mis dehors. C’est moi qui ai demandé à partir, pour trouver des gens qui pensaient comme moi. Des gens qui pouvaient enfin m’entendre.»
Ce discours, c’est d’abord celui de Zumra Nuru Mohammad, chef d’un petit village perdu en Éthiopie, nommé Awra-Amba. Mais finalement, ce discours n’est-il pas celui de milliers de voyageurs, tout autour du monde ? Des voyageurs cherchant à exprimer leurs envies de partage, de découverte, de simplicité ? Des humains, à la recherche du voyage parfait, qui mêle dans leurs souvenirs de somptueux paysages, des histoires d’un autre temps et des rencontres émotionnelles.
Pour accompagner votre lecture et rythmer votre histoire, la rédaction vous conseille l’écoute de ce morceau :
Destination parfois, souvent, oubliée des grands voyageurs, l’Afrique recèle pourtant de ce genre de grands trésors. Ceux qui changent une vie. L’Éthiopie, deuxième plus grand pays du continent Africain par sa population – 108 386 391 habitants – est de ceux là. Entre sites archéologiques dénichés, parcs nationaux préservés et populations oubliées, ce pays considéré comme le berceau de l’humanité offre ce petit plus que les autres n’ont pas : un monde à part.
La légende de Lalibela : Le Monde d’hier
Comment ne pas commencer ce voyage par le grand Lalibela, et la légende presque mythologique – voire divine – qui l’entoure ? Depuis 2009, et le début des fouilles archéologiques, il est enfin possible de découvrir, de visiter ou de pèleriner sur ce site d’une impressionnante majestuosité.
Mais avant cela, cette histoire n’était qu’une légende racontée par le peuple éthiopien.
Nous sommes au XIII ème siècle lorsque le roi de l’empire Zagwé, nommé Lalibela, reçoit l’ordre divin de faire construire 10 églises. S’il ne doit pas se contenter de les édifier, c’est parce que ces églises doivent être creusées à même le sol, d’un seul et même roc. Pour ce faire, il reçoit alors l’aide des anges – notamment de l’ange Gabriel – qui viennent suppléer les ouvriers pendant la journée, et continuent leur travaux une fois la nuit tombée.
Ces constructions, d’une puissance sans égal, ont un but bien précis : permettre au peuple africain d’effectuer son pèlerinage en tout sérénité. En effet à l’époque, la route pour rejoindre Jérusalem est devenue trop périlleuse, en raison de l’expansion de la religion islamique.
Aujourd’hui encore, Lalibela est le plus grand site chrétien d’Afrique, et des milliers d’éthiopiens y perpétuent leurs traditions religieuses.
En passant d’une église à une autre par les souterrains creusés à la même époque, vous serez submergé·e·s, comme pris de court, par la force qui émane de cet endroit chargé d’histoires. Puissante, historique, et dégageant une vraie sérénité… On ne résiste pas à la beauté de Lalibela.
Parc national de Simien : Le Monde préservé
Après ce passage historique à Lalibela, c’est dans un endroit magique, coupé du reste du monde que nous vous emmenons. Vous voici au parc national de Simien, là ou la beauté sauvage est encore préservée.
Terre mère de la biodiversité, ce parc aux paysages escarpés mériterait un voyage à lui seul. Ici, nous ne sommes rien, rien d’autre que des passagers d’une nature nous rappelant qu’elle ne nous appartient pas. Que l’on se sent petit face à ces vallées et précipices de plus de 1 500 mètres de profondeur, que l’on se sent seul au milieu de ces terres occupées par les singes.
Pourtant niché à 3 000 mètres d’altitude, ce parc est le plus bel endroit au monde pour reprendre son souffle. Abasourdi face à cette flore démentielle, c’est à cet instant que le charme de la faune opère. Ce fameux charme de Simien, volontairement préservé.
Classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1996, il est un monde à part, ou l’on retrouve des espèces préservées, telle que le loup d’Éthiopie, le babouin Gelada et le bouqetin d’Abyssinie.
Trois espèces que l’Éthiopie s’attèle à préserver pour le reste du monde, et qui ne sont présentes nulle part ailleurs…
De la randonnée au trek avec bivouac, la rencontre avec le parc se fait à votre manière, à votre rythme. Au final, la promesse reste égale : celle d’un souvenir sauvage, d’une expérience puissante.
Vallée de l’Omo : l’origine du Monde
S’il vous est difficile de vous réveiller du rêve offert par Simien, alors continuez doucement votre voyage jusqu’à vous éveiller dans la vallée de l’Omo, le berceau de l’humanité.
La vallée de l’Omo est l’une des autres merveilles que nous offre l’Éthiopie. Longue de presque 800 kilomètres, elle dévoile à son tour pléthore de paysages inouïs. Ici pourtant, votre voyage prend un aspect bien différent, une forme plus émouvante. Dans cette vallée que l’on surnomme le berceau de l’humanité, vous voilà revenus là ou tout à commencé : l’origine du Monde.
Est-ce seulement depuis la découverte de Lucy que cette vallée est surnommée ainsi ? Ou ce nom est-il avant tout le reflet de l’âme qui se dégage de ce lieu majestueux ?
Ici, près de 200 000 éthiopiens issus de 80 différentes ethnies cohabitent. Le monde tel que nous le connaissons semble ne jamais avoir eu d’emprise sur elles. Les Mursis, les Karos, les Hamers, les Turkanas et bien d’autres vivent selon leurs propres coutumes, selon leurs pratiques ancestrales.
Le contraste est d’ailleurs frappant entre la beauté naturelle des paysages jonchant cette vallée, et la splendeur travaillée des œuvres d’art ornées par les populations de ces tribus.
Des couleurs, partout ! De la peinture dispersée avec grâce sur les corps humains, aux ornements labiaux et auriculaires fièrement exposés par les femmes, tout ici peut et doit être utilisé comme signe de reconnaissance.
Mais bien au delà de ce choc physique, c’est une démonstration culturelle qui vous attend. Dans cette vallée de l’Omo, tout semble étroitement lié à l’état de nature. La recherche de pâturages, de points d’eaux, l’élévation spirituelle vouée au bétail, l’agriculture dépendante uniquement de la décrue de la rivière de l’Omo…
Selon Marcel Proust, « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à voir avec de nouveaux yeux ». Et parfois lorsque l’on voyage, c’est avant tout pour en apprendre plus sur soi.
Si cela est votre cas, alors n’hésitez pas plus longtemps, et allez fouler la terre de nos ancêtres. Car c’est une véritable leçon que l’on reçoit ici, dans cette vallée de l’Omo, une leçon d’humanité.
Awra Amba : Le monde magique
« Je vivais entouré de personnes, mais je ne voyais pas d’humains. On m’a traité de fou, mais on ne m’a pas mis dehors. C’est moi qui ai demandé à partir, pour trouver des gens qui pensaient comme moi. Des gens qui pouvaient enfin m’entendre.»
Nous voilà revenu·e·s au départ de notre histoire. Plutôt, nous voilà arrivé·e·s au point culminant de celle-ci. Awra Amba – Éthiopie. L’histoire d’hier, celle de demain. Le monde vrai, pur. Celui dans lequel rien n’est pareil, le monde aux histoires magiques.
L’histoire, d’abord, d’un petit garçon nommé Zumra Nuru Mohammad. Un enfant né à Bahir Dar en 1947, dans une Éthiopie alors en période d’industrialisation, et qui n’a eu comme choix que celui d’abandonner l’école, pour travailler dans les champs. L’histoire d’un enfant, illêttré, mais curieux de tout ce dont les autres n’étaient pas.
Pourquoi les hommes ne pensent-ils qu’a leurs propres besoins ? Pour quelles raisons les enfants sont-ils battus, les femmes violées et les vieillards mis à la rue ? Pourquoi les vols, pourquoi les meurtres ?
Lassé par toutes ces questions auxquelles personnes ne portaient attention, et fatigué par le regard des autres sur lui, c’est à 13 ans qu’il demande à quitter le foyer familial.
« On m’a traité de fou, mais on ne m’a pas mis dehors. C’est moi qui ai demandé à partir. »
Après avoir erré deux années dans la forêt à chercher seul des réponses qui ne lui viennent pas, il revient dans son village. Alors âgé de 15 ans, il réussit à convaincre une partie de son village à le suivre. A coups de discours passionné et de convictions, c’est ensemble qu’ils s’en vont alors créer un monde nouveau. Un monde dans lequel l’équité, le respect et le partage seraient les maîtres mots, un monde utopiste.
De cette utopie, Zumra en fait une réalité. Longtemps menacée et même chassée, cette communauté d’environ 500 personnes vit désormais en paix avec le gouvernement, et s’est installée dans le petit village d’Awra Amba, perché à 1 900 mètres d’altitude.
Là-bas, femmes et hommes sont égaux, quel que soit leur âge. Tous les enfants vont à l’école, savent lire et écrire, là où le reste du pays est à 2/3 analphabète.
Chaque semaine, les besoins du villages sont identifiés, et les tâches sont réparties selon les qualités de chacun, par roulement. Les revenus sont égaux et distribués à l’ensemble des habitants, enfants et vieillards compris.
« Penser au bien commun, et ainsi rester unis ». « Compromettre ses objectifs personnels pour répondre à ceux de la communauté. Car c’est lorsque l’on rend les autres heureux, que l’on est en paix avec soit-même ».
Ce message, Zumra Nuru s’évertue à le transmettre aux habitants de sa population. Un message de paix, de partage et de compréhension envers son prochain. Car même s’il se sait éphémère, il espère que son message, lui, sera éternel.
Chaque année, quelques voyageurs aguéris se rendent sur les terres d’Awra Amba et découvrent ce village d’un autre monde. Nous avons voulu vous transmettre une partie de ce voyage avec cette vidéo des « Artisans de demain », qui sont allés à la rencontre de Zumra Nuru lors de leur passage en Éthiopie.
Addis-Abeba : Le Monde occidentalisé
C’est à Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, que prend fin notre voyage. Après avoir découvert tout un monde nouveau, doux mélange d’Histoire et de paysages dont nous n’avions alors aucun soupçons, c’est sur une dernière légende que nous reprenons doucement le chemin du monde occidental.
Nous sommes au milieu du XIXème siècle lorsque Sahle Selassié, noble éthiopien déclare, alors qu’il joue une partie d’échec : « Ce pays est couvert de broussailles et de végétation, mais un jour viendra où mon petit-fils construira ici une maison et y fondera une ville ». Une intuition, presque une prophétie.
Car c’est en 1886 que Sahle Maryam, plus connu sous le nom de Menelik II, empereur d’Éthiopie, fit naître la légende. Alors que son épouse Taytu admire le paysage, elle tombe sous le charme d’une fleur qu’elle n’a encore jamais aperçue. Habituée au climat aride qui frappe son pays, elle se trouve enchantée par la douceur qui berce ces terres.
C’est ici qu’elle demande à son mari de construire leur nouveau palais. La décision est prise, et Menelik choisit cet endroit pour y bâtir la nouvelle ville, qui portera le nom d’Addis-Abeba, « nouvelle fleur ».
Depuis, la ville fondée par l’empereur n’a cessé de s’accroître, devant la capitale éthiopienne dans les années 1960. Elle est aujourd’hui le vrai monde à part du pays. Trois millions de personnes foulent chaque jour son sol, oscillant entre le « mercato » – plus grand marché d’Afrique – et les centres commerciaux hyper-développés. Une atmosphère particulièrement étrange s’en dégage, mélange de douceurs africaines et d’agitation digne de mégalopole.
Alors même si Addis-Abeba représente un monde totalement différent de ceux traversés jusqu’ici, elle n’en est pas moins un petit paradis. Arrêtez-vous et prenez le temps de discuter avec des commerçants, des habitants locaux, qui vous conteront à leur tour toutes ces belles histoires.
Vous pourrez sentir la chaleur de leur accueil, et l’envie de partager l’Histoire de leur pays, qui n’aurait su être résumée en un article. Saviez-vous d’ailleurs que l’Éthiopie est le seul pays africain à ne jamais avoir été colonisé ? Que leur calendrier compte 13 mois et que leur fuseau horaire est bien différent du notre ?
Le temps n’est plus à l’hésitation, mais à la découverte. La découverte d’un monde à part : l’Éthiopie.