Sur les traces de Jacques Cartier : le deuxième voyage (2/3)

Sur les traces de Jacques Cartier : le deuxième voyage (2/3)
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Après avoir découvert de nouvelles terres, celles du Canada, Jacques Cartier revient un an après pour poursuivre sa mission. Trouvera t-il le passage vers l’Asie ?

Après sa découverte des côtes canadiennes et de la Gaspésie, Jacques Cartier retourne en France. Mais l’explorateur malouin n’a qu’une idée en tête : partir à nouveau pour s’enfoncer un peu plus dans le fleuve Saint-Laurent. Quant à nous, notre exploration n’en est qu’à son commencement. Il faut vite se remettre de toutes ces émotions et découvertes, car la suite n’augure que de belles choses !


Après avoir suivi les traces du premier voyage de Jacques Cartier, il est temps de partir sur les traces de son deuxième voyage, dont le parcours est totalement dicté par le Saint-Laurent. Fini le littoral Atlantique, nous voici en passe d’entrer sur les terres, au cœur du Québec.

Si vous l’avez manqué, retrouver le premier épisode de la trilogie sur Jacques Cartier

Le ruée vers l’or du Saguenay

Souvenez-vous : à la fin de notre premier volet, Jacques Cartier et son équipage repartaient en France avec deux otages. En effet, le navigateur a piégé deux jeunes Micmacs, dont le fils du chef Donnaconna. Ce geste n’est en aucun cas un coup de sang. Cartier a une idée derrière la tête : leur apprendre le français afin qu’ils lui indiquent où se trouvent les richesses de ces terres.


Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son plan fonctionne à merveille, puisque les jeunes Amérindiens vont lui parler d’une terre remplie de pierres précieuses et d’or. Un royaume que l’on appelle le Saguenay.

Cette information va évidemment être transmise au roi François Ier, qui n’a pas besoin d’en entendre plus pour donner le feu vert au Breton. Toutefois, la préparation de ce deuxième voyage diffère du premier. Les ressources embarquées sont beaucoup plus nombreuses. On ne parle plus d’un voyage de 4 mois…Mais d’un an !

Ainsi, le 29 mai 1535, trois navires (« L’Émerillon », « La grande Hermine » et « La petite Hermine ») quittent le port de Saint-Malo. Le 14 septembre, l’équipage parvient déjà à revenir sur les traces du premier voyage, principalement l’Île d’Anticosti et la Gaspésie. Néanmoins, pas question de perdre de temps pour notre explorateur, qui se retrouve dans les eaux du Saint-Laurent.

Hochelaga et l’hiver du Grand Nord

L’inquiétude amérindienne

C’est ici que se poursuit notre voyage. Pour cette deuxième partie, nous voici en pleine province du Québec (sur les premières terres de la Nouvelle France) où nous allons longer le fleuve. L’occasion de découvrir plein de nouveaux paysages fantastiques. Tellement, que s’arrêter partout prendrait des années.

C’est pourquoi nous avons fait le choix de vous faire vivre les plus belles escales de ce périple. À la fin de l’été 1535, Cartier décide de poursuivre son épopée. Le but ? Aller le plus loin possible. Le Malouin sait qu’il se trouve sur un fleuve, et se repérer sera donc facile. La première escale, il choisit de la faire à Stadaconé. Si le nom ne vous dit rien, celui de son chef, Donnaconna, vous rappelle sans doute quelque chose. Oui, il s’agit bien là de l’homme dont il détient le fils !


Fidèle à lui même, Jacques Cartier en profite pour faire une démonstration de force face aux Iroquois, en activant ses canons. Une intimidation qui fonctionne, puisque la présence française inquiète décidément les tribus. Néanmoins, le navigateur joue au politicien et tente de rassurer (en réalité de tromper) les locaux sur ses intentions. Pour appuyer ses propos, il relâche les otages dont il s’est servi en France.

Il en profite d’ailleurs pour marchander, ce qui plaît aux Amérindiens. Son attitude démontre que Cartier est prêt à tout pour ramener des richesses chez lui, mais aussi marquer l’Histoire, quoiqu’il en coûte.

Hochelaga et le Mont-Royal

Canons rangés, négociations faites, pas de temps à perdre. Après tout, Saint-Laurent attend. Cartier reprend donc le large. D’ailleurs, au fil de l’eau, peut-être tomberons-nous sur ces « gros poissons blancs étranges », jadis inconnus des Européens : les bélugas.

Quoiqu’il en soit, les rives du fleuve sont exceptionnelles. Un décor naturel majestueux, qui charme quiconque s’y aventure, grâce aux couleurs automnales. Cartier jette l’ancre au lac Saint-Pierre : nouvelle escale, nouveaux trésors. Ici, faune et flore invitent à découvrir un monde extraordinaire, un peu comme le Parc Régional des Grèves et ses pinèdes centenaires. Vous les voyez, ces petites Bernaches du Canada, les hérons ou les Colicous qui chantent et passent d’arbres en arbres ou volent au dessus de l’eau…

Le cadre est idyllique. Pour profiter au mieux des lieux, faisons silence, fermons les yeux et écoutons la douce mélodie de la nature. Évasion garantie.

Une fois repartis, et après des miles de navigation, en passant notamment par la rivière des Prairies, nous voici arrivés à destination. La première grande étape de notre aventure s’offre devant nous, à l’instar de Jacques Cartier il y a presque 500 ans. Les navires jettent l’ancre devant le village iroquois de Hochelaga. Entouré d’une palissade de bois circulaires, il abrite des maisons longues, elles aussi habillées de bois.


Après quelques contacts entre Européens et autochtones, Jacques Cartier s’empresse de partir en repérage. En effet, dès son arrivée il repère une montagne dominant le village et les alentours, qu’il baptise Mont-Royal. Oui, le fameux. Celui dont le nom fait écho aux nombreuses richesses qu’il a à offrir. Celui qui plus tard, donnera son nom à la ville : Montréal.

Comme notre aïeul, partons à l’assaut du sommet depuis lequel nous pouvons observer la plaine et le Saint-Laurent. Mais contrairement au Malouin, en plus de la nature, nous pouvons également contempler l’oeuvre humaine du XXe siècle : la skyline de Montréal. D’autant plus que sa présence n’empêche pas de détecter les rapides de Lachine, un passage du fleuve qui inquiète jadis Cartier et ses hommes.

En ce qui nous concerne, laissons l’inquiétude de côté et profitons pleinement du Mont-Royal, un véritable concentré de la géologie canadienne : un plateau en signe de plaine, un sommet, un lac et surtout une végétation luxuriante. Cette fascination, c’est aussi elle qui nous fera vibrer, tout au long de notre escale.

À son arrivée, bien avant notre époque, Cartier ne voit qu’une plaine et une colline, mais l’endroit l’émerveille : « Cette terre est la plus belle qu’il soit possible de voir« . C’est dire. Et lorsque l’on voit ce que sont devenues ces plaines, on se dit que le navigateur a vu juste.

Avant de repartir en vadrouille, regrimpons au sommet du Mont-Royal, une fois la nuit tombée. La skyline, déjà belle de jour, l’est encore plus au crépuscule. Que l’on soit fan de milieux urbains ou non, il est difficile de ne pas être sous le charme.

L’hiver, ennemi des Français

Mais revenons sur ces fameuses rapides, dont la présence établit un constat : de nos jours comme il y a quelques siècles, il est impossible de naviguer sur ses rapides. Un vrai coup dur pour les Français. Il faut donc passer l’hiver à Hochelaga. Un hiver rude, très froid. Dès la mi-novembre, les navires sont bloqués par l’eau glacée. Progressivement, les terres s’habillent de blanc et les températures chutent.

La situation est rude pour les Occidentaux. Pire, une maladie commence à toucher les membres de l’équipage : le scorbut. Cette dernière décime peu à peu les Français. Au total, vingt-cinq compagnons décèdent. Jacques Cartier, impuissant, demande de l’aide aux Iroquois. Et pour cause : ces derniers sont aussi victimes du fléau et pourtant, ils parviennent à en guérir. D’abord hésitants, les Iroquois finissent par accepter de venir en aide aux Européens en leur offrir un breuvage dont ils ont le secret.

Aujourd’hui, l’hiver Montréalais est toujours aussi impressionnant. Néanmoins, les descendants de nos colons ont su s’adapter à ce climat extrême. Mieux, visiter la plus grande ville du Québec à cette période a quelque chose de féerique. Patinoires, toboggans de glaces, dégustation de poutine ou hockey sur glace sur un lac gelé… On oublie vite la rudesse de la saison ! Si l’air est froid, l’accueil, lui, est des plus chaleureux.

Retour en arrière, à Stadaconé

Direction la France

Suite au terrible hiver auquel les Français n’étaient guère préparés, Jacques Cartier décide de rebrousser chemin. Mais avant de traverser l’Atlantique, le Malouin souhaite s’arrêter de nouveau à Stadaconé. À peine l’ancre jetée, il ordonne à ses troupes de bâtir un fort pieux, non loin du village iroquois, sur les bords de la rivière Saint-Charles. Nos ancêtres découvrent ce village, peuplé par 50 habitants. Ils en profitent aussi pour découvrir le mode de vie amérindien, et les ressources alimentaires utilisées par ces derniers : la courge, le maïs et le haricot.

Mais si Cartier s’arrête à Stadaconé, ce n’est pas juste pour parler aux autochtones, dont en réalité il se fiche éperdument. Ce qui intéresse l’envoyé de François Ier, ce sont les terres, propices à une installation. Pour nous, c’est l’occasion de découvrir l’une des plus belles étapes du Saint-Laurent.

Même si aujourd’hui, une métropole s’est installée sur l’ancien village iroquois et ses alentours, ses rives restent des plus charmantes. Une balade dans les Plaines d’Abraham, conduisant au Cap Blanc, s’impose pour longer le fleuve. C’est une chance qu’un tel cadre végétal puisse préserver le panorama et les rives. Le funiculaire nous permet également d’admirer Québec et le Saint-Laurent vu du haut, ajoutant une touche de magie à notre aventure.

Ensuite, direction le village iroquois, devenu le lieu historique Cartier-Brébeuf. Malgré la colonisation et l’appropriation des terres, les descendants des colons n’ont pas souhaité construire ici. C’est ainsi un parc qui se tient là, où Donnaconna et ses semblables vivaient.

Jacques Cartier, le manipulateur

Pour Jacques Cartier, malgré la beauté des lieux, le tourisme n’a pas sa place. Son voyage est un échec. Il n’a pu naviguer jusqu’au bout du Saint-Laurent, et n’aura pas le temps de trouver le royaume de Saguenay. Par conséquent, il n’aura pas découvert le passage d’Asie, ni le fameux or.

Sa crédibilité auprès du roi risque d’en prendre un coup. Toutefois, rusé comme il sait si bien l’être, Cartier abat sa dernière carte : les Iroquois. Le navigateur va donc convier les locaux à participer à une grande fête, pour célébrer le retour en France et les remercier de leur aide. Il promet d’ailleurs au chef Donnaconna une grande surprise. La tribu vient donc festoyer avec les Français, avant que la célébration ne tourne au cauchemar.

En effet, Jacques Cartier ordonne à ses hommes de kidnapper Donnaconna, ses deux fils, une fillette ainsi que trois autres chefs. Encore une fois, Jacques Cartier vient d’abuser de la confiance qui lui est accordée. Tout ça, pour que les Amérindiens témoignent de nouveau des richesses du Saguenay, mais aussi du scorbut et des conditions hivernales. Mais pour les Iroquois, le passage en France ne sera pas un long fleuve tranquille…

Pour couronner le tout, juste avant de partir, le 3 mai, le Malouin fait installer une croix. Il retrouve Saint-Malo le 16 juillet 1536. Mais dès son arrivée, il ne pense qu’à une seule chose : retourner une troisième fois en Nouvelle France.

Pour nous, la navigation vers la France n’est pas encore au programme. Nous restons à Québec, pour continuer l’aventure. Alors pour connaitre la fin de notre grande expédition, rendez-vous au… troisième et dernier volet ! Et parce que nous souhaitons finir sur une belle touche, quittons les traces de Jacques Cartier un court instant, pour aller contempler la Chute Montmorency.

À bientôt !

Poursuivez l’aventure sur les traces de Jacques Cartier avec l’épisode 3

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