Les nombreux fady (interdits ou tabous) occupent une place très importante dans la vie des Malgaches.
Avant l’existence des établissements scolaires à Madagascar, l’éducation des enfants reposait sur la transmission des traditions orales d’une génération à une autre. Contes et légendes d’antan, récits d’expériences vécues et proverbes ont été utilisés par les aînés pour apprendre aux jeunes à distinguer le bien du mal. Une multitude de tabous et d’interdits (fady) règnent au sein des familles ou des communautés afin d’apprendre aux enfants en bas âge le savoir-vivre et l’art de bien se comporter dans la société. Par rapport à tout cela, bon nombre d’interdits ont des effets tragiques en cas de violation.
L’influence des interdits sur l’éducation des enfants
Les fady ou interdits sont des préceptes auxquels les malgaches d’antan se pliaient avec respect et considération. Ils se transmettent d’une génération à une autre à travers l’éducation, dont les aînés ont la charge. Ne pas faire toutes ces choses considérées comme interdites était le lot des enfants en bas âge d’antan.
« Ne jamais pointer un tombeau avec un doigt au risque de perdre la phalange coupable ou de rendre lépreux la personne fautive ».
« Ne jamais donner des coups de pied au mur au risque d’entraîner le décès de la grand-mère maternelle ou paternelle ».
« Ne jamais siffler après la tombée de la nuit, sinon les fantômes vont venir ».
Bref, il y avait autant de fady ludiques ou rigolos qu’il y avait de communautés à Madagascar. De nombreux fady ont survécu avec le temps et restent encore en vigueur. Certains sont à prendre au sérieux. Transgresser ces interdits peut engendrer un préjudice physique, moral ou matériel au coupable ou à ses entourages.
Les interdits collectifs
Parfois, les interdits s’appliquent sur une catégorie d’âge, sur une lignée de familles, sur un clan bien défini ou sur la société entière, toutes nationalités confondues. Les non-respects des ces derniers peuvent produire de sérieux ennuis.
Chez les malgaches, il y a des fady collectifs régissant une lignée toute entière ou un endroit bien déterminé. C’est le cas de la consommation de tout aliment contenant de la viande de porc, de chèvre ou d’ail. Ceux qui ont osé les enfreindre ont rencontré des expériences malheureuses. Certains affirment avoir eu des pustules sur toutes les parties du corps, tandis que d’autres racontent que de mauvais esprits les ont harcelé durant leur sommeil plusieurs nuits de suite. Les tombeaux des rois et les territoires des vazimba bannissent aussi la consommation de viande de porc. Gare à ceux qui en ont consommé et qui osent s’approcher de ces lieux sacrés sans avoir pris une douche au préalable.
Les interdits sont aussi employés pour se préserver des larcins. Pour ce faire, les paysans accrochent des « kalo » (amulettes) aux branches des arbres fruitiers ou au beau milieu d’un champ. Ces amulettes sont capables de retenir le coupable collé au tronc de l’arbre ou de l’obliger à faire des travaux des champs jusqu’à ce que le propriétaire vienne sur les lieux du délit.
Alors, faites gaffe et prenez au sérieux les fady de Madagascar. On dit que leurs pouvoirs sont capables de traverser les frontières…
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